Les fouilles de Montaury commencent à dévoiler leurs secrets ainsi que cela a été révélé par Sandy Parmentier, Jean Collinet et Catherine Rigeade de l’INRAP. Beaucoup de boucains étaient présents, lors de leur conférence, à la médiathèque de Gardanne, pour prendre connaissance des premiers résultats obtenus de ces fouilles qui ont lieu de façon préventive avant le projet immobilier prévu à Montaury. Deux zones ont été révélées avec d’un côté la découverte d’une nécropole antique et de l’autre, la présence de vestiges néolithiques sur une parcelle à l’ouest du terrain. Et ceci à 40 cm de profondeur, soit très près du sol ce qui est une chance.
Sur les 82 structures constituant les vestiges néolithiques découverts sur 2 hectares, 44 n’ont pu, jusqu’à présent, être datées au Carbone 14 . 18 structures datent du néolithique moyen, 2 silos datent du néolithique final (-2500 avant JC), 2 non repérées au début lors du diagnostic sont plus anciennes (- 4800). Le reste est plus approximatif (de – 5800 à – 2500) et, donc, la période du néolithique est inconnue. Parmi les structures datant du néolithique moyen, Il a été distingué 9 foyers dont 4 à pierres chauffées qui fonctionnaient comme un four polynésien. Un puits, isolé, de 1 m 10 de diamètre et 3 m 90 de profondeur, a été fouillé ce qui présente un grand intérêt. En effet, on retrouve au fond des puits des éléments organiques conservées dans l’eau, les puits servant, souvent, de poubelles après l’arrêt de leur utilisation. Il a été comblé aux alentours de -4 500 ans. Des silos ont été, aussi, retrouvés dans leur état final d’abandon. En ce qui concerne l’habitat, très proche, il a été relevé le plan d’un petit bâtiment, au nord – ouest, avec les implantations de 6 poteaux porteurs. Ce qui pourrait correspondre à un grenier sur pilotis en procédant par comparaison avec d’autres bâtiments similaires (en particulier à Trets). Après ramassage de 10 litres de sédiments, tamisage avec des tamis à 3 mailles, des éléments ont été trouvés, permettant de déterminer la période, comme des tessons, du silex, du charbon. Dans les silos, des éléments de céramique reconnaissables par les spécialistes ont permis une datation entre – 4700 et – 3000 en particulier des morceaux de bracelet. Un vase en place dans le substrat dont il ne reste que le fond permet de dire qu’il y avait bien habitat néolithique. L’étude du silex, de l’outillage (molettes, meules, polissoir – aiguisoir, les études paléo – environnementales, avec la géomorphologie (reconstitution de l’environnement physique et végétal d’un secteur à une période donnée), l’anthracologie (analyse des charbons de bois déterminant les essences des arbres), la carpologie (études des graines) entre autres, permettent de se faire une idée sur l’habitat. Ainsi, outre la présence de blé et d’orge, la présence de lin montre des activités de filage et de tissage. Un « fusaiole » qui permet la stabilité du fuseau en est la preuve. Des traces de bœuf, chien, porc, caprinés, peuvent démontrer l’existence d’élevage. Sur les galets en pierre chauffées, des traces de végétaux. Tout cela à partir d’un seau de 10 litres de sédiments !
Pour la nécropole, de la période antique (entre le 1er et le Vème siècle après Jésus Christ), 286 sépultures ont été découvertes sur 4 200 m2. Une nécropole limitée à l’est par un mur dont il reste des traces. Les résultats préliminaires démontrent qu’il n’y a pas d’orientation uniforme des tombes. On a pu constater 4 cas de recoupement, une nouvelle sépulture étant ajoutée à la 1ère. Une seule sépulture a été utilisée 2 fois. On trouve une grande diversité dans l’architecture des tombes à majorité en tuiles soit à section rectangulaires (71) ou à section quadrangulaire. Une dizaine est à aménagement en pierres avec des blocs et des moellons calcaires sur les parois longitudinales. Un cercueil en plomb est mal conservé. Quelques tombes en amphore, longues de 1 m 10 , dont il ne reste, souvent que le fond, servaient pour enterrer les « immatures (les enfants dont la croissance osseuse n’est pas terminée). D’autres tombes ne possédaient aucun aménagement, creusées dans le sédiment. Du mobilier a été retrouvé mais dans 8 tombes seulement. Un vase, une lampe à huile, 2 cruches, 6 monnaies datées pour une période allant du milieu du 1er siècle au milieu du Vème siècle. Dans les 286 tombes, seulement 255 individus, tous enterrés seuls, en décubitus dorsal .En raison de la mauvaise conservation, il a été difficile d’en déterminer le sexe ( 2/3 des cas) du fait de l’absence de l’os coxal. Il a pu, quand même, être déterminé qu’il s’agissait de 42 « immatures » et de 213 adultes. L’étude de leur état sanitaire a permis de retrouver des caries, une usure des dents et de l’arthrose. 2 cas de fractures (humérus gauche et fémur gauche) consolidées ont été observés.
Les analyses du C14 sont encore attendues, avec impatience, pour l’étude complémentaire des vestiges. Quant à la nécropole, il n’a pas encore été trouvé de lieu culte. Le sera-t-il un jour ? Dans ce contexte d’antiquité tardive, peut – on vérifier le passage des rites païen aux rites chrétiens du fait de la disposition de leur crân( est ou ouest)? Y a -t-il eu un habitat proche de la nécropole ? Des comparaisons avec d’autres sites (Sainte Barbe à Marseille, Malaval,… permettront, peut – être d’avancer. Autant de questions qui sont, sans réponse, pour le moment.
A terme, Les squelettes seront stockés à l’ostéothèque régionale et les vestiges au dépôt de l’Etat, aux Milles.
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A noter : Le néolithique (de - 5800 avant JC à – 2500 avant Jésus Christ) se décompose en 3 périodes : le néolithique ancien de – 5800 à - 4800, le néolithique moyen de – 4800 à – 3500 , le néolithique final de – 3500 à – 2500. Les néolithiques ont été les 1ers sédentaires, cultivateurs, agriculteurs, éleveurs.
Marie Laure Graziani